Collectif Marche pour le Climat 87
Des gestes barrières contre le dérèglement climatique !
La crise sanitaire liée à la propagation du virus covid-19 nous révèle des réalités que nous connaissions déjà mais que nous ne voulions pas ou n’arrivions pas à accepter dans leur évidence et dans leur urgence.
Cette soudaineté du drame sanitaire nous rappelle combien la vie est fragile. Chaque minute de notre existence est précieuse quand on a à l’esprit que nous sommes des êtres humains mortels dans un monde aux ressources prodigieuses mais limitées. Ce printemps éclatant de soleil nous a fait redécouvrir notre ville ou notre bout de campagne dans le concert des oiseaux, tandis que le vacarme des voitures est à l’arrêt. Ce confinement nous invite à l’essentiel.
Nous pouvons voir dans la crise que nous traversons des liens avec le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement. Sans vouloir y trouver l’origine du coronavirus, les activités humaines, la déforestation et les bouleversements des écosystèmes sont reconnus par les scientifiques comme un facteur de risque majeur dans le monde de l’épidémiologie. Par ailleurs, le système mondialisé induit une mobilité incessante autour de la planète. Les avions remplis ont propagé à vitesse grand V le virus dans tous ses recoins. La France, première destination touristique au monde, a ainsi été infestée rapidement.
Cette situation anxiogène et complexe à laquelle nous n’étions pas préparés nous démontre combien il est difficile de faire face à des risques et dangers non anticipés comme ceux liés au changement climatique. Alors que les trajectoires actuelles sont très loin des engagements pris lors de l’accord de Paris pour limiter à 2°C le réchauffement planétaire par rapport à l’ère préindustrielle, nous ne sommes absolument pas mûrs pour les cataclysmes annoncés. La température pourrait atteindre + 7°C d’ici 2100 si rien n’est fait. L’élévation du niveau des mers, à coup de tempêtes submersives, aurait des conséquences désastreuses. Un tiers des plus grandes villes du monde sont sur la côte et au moins 600 millions de personnes vivent aujourd’hui sous le niveau qui serait atteint. Les canicules comme celle de 2003 deviendraient la norme. Des pénuries alimentaires et des famines seraient inévitables du fait des sécheresses plus fréquentes et bien plus intenses. Des incendies comme ceux que l’Australie a subis il y a quelques mois pourraient tout à fait ravager des massifs forestiers français. Parallèlement, les inondations hivernales risqueraient de devenir monnaie courante en Europe et les crues torrentielles seront plus dévastatrices. Des maladies comme la dengue ou la malaria feront leur apparition sur le territoire national. Des virus congelés dans la glace ou le permafrost seront libérés par leur fonte. L’impact de ces dérèglements entraînera des tensions sociales et économiques colossales, sources de conflits et de mouvements migratoires massifs.
A l’heure de la gestion d’une crise sanitaire tragique, nous entrevoyons plus clairement les désastres auxquels le changement climatique peut nous confronter.
Si nous voulons les éviter, nous devons réduire massivement notre empreinte carbone, de – 40% d’ici 2030 et – 80% en 2050. Actuellement, c’est un arrêt forcé, non préparé et brutal qui divise par deux les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie de notre pays. Si nous voulons atteindre les objectifs de limitation du réchauffement global de la planète à +2°C, tout en continuant à vivre de manière agréable et harmonieuse, prenons conscience que ce ne sont pas quelques mesurettes qui nous permettront d’y parvenir.
Il nous faut drastiquement revoir notre consommation, notre mobilité individuelle, nos transports de marchandises, notre alimentation et nos bâtiments. C’est une transition qui doit être activement préparée pour ne pas faire place à un choc. C’est pourquoi le Collectif Marche pour le Climat demande aux élus locaux et nationaux, ainsi qu’à l’ensemble des citoyens d’agir afin que la sortie de crise se fasse au bénéfice de l’humain, du climat et de la biodiversité.
La société se dirige vers une ligne de crête. A la crise sanitaire va s’ajouter une crise économique et sociale majeure. Le réflexe d’une partie de notre société pourrait être de baisser les règles environnementales, de relancer massivement la consommation et les investissements dans les énergies fossiles, d’endetter fortement les générations futures, dans une course irréaliste à la croissance. Cette stratégie nous mènerait triplement dans le mur : au plan économique, social et environnemental.
Plutôt que de subir des récessions lors de crises brutales comme celle que nous vivons, nous devons construire un projet commun et enthousiasmant, certes plus sobre, pour éviter le pire, mais plus fraternel et plus sensé.
Les 150 membres de la Convention Citoyenne pour le Climat ont remis 50 propositions au gouvernement pour préparer une sortie de crise propice à la mise en place d’un nouveau modèle de société plus durable. Le Collectif Marche pour le Climat appelle à suivre cette voie localement, nationalement et mondialement. C’est notre chance de nous orienter sur le bon chemin. C’est dans ce même but qu’il a proposé aux candidats aux élections municipales d’intégrer dans leurs programmes une série de mesures indispensables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sur notre département. Ces mesures sont toujours d’actualité. (http://collectifmarcheclimat87.fr)
Faisons tous notre possible pour que la société parvienne, tout en recherchant un équilibre social et démocratique, à bâtir un système durable qui tienne compte des enjeux environnementaux à long terme. Ce système durable passe notamment par une relocalisation des activités essentielles ayant pour triple effet positif de recréer de l’emploi, de sécuriser les approvisionnements des populations locales et de limiter les transports émetteurs de carbone. Cette relocalisation permettrait en effet de construire des territoires résilients, notamment en matière d’alimentation en eau, en agriculture, en matériaux de construction, en énergie, en mobilité, en manufacture et artisanat de produits essentiels, en matière d’éducation et de santé.
A Limoges, les circuits-courts sont d’un soutien majeur en temps de crise. Grâce aux nombreuses savonneries locales, Limoges et les communes alentours n’ont pas longtemps subi la pénurie en gel hydro alcoolique encore vécue dans d’autres régions de France. Des couturiers et fabricants de textile locaux s’adaptent pour produire des masques. Les groupements de producteurs agricoles ou autres distributeurs de denrées régionales mettent les bouchées doubles pour nous nourrir, etc. L’espoir est là, dans ces réseaux d’initiatives et de résilience locales !
L’association Alternatiba, qui avait présenté des centaines d’initiatives environnementales et sociales locales lors des festivals organisés à Limoges en 2015 et 2017, a mis en ligne une plate-forme de localisation de ces alternatives. Celle-ci n’a jamais été autant utile qu’aujourd’hui pour faire vivre et organiser des circuits courts, durables et de proximité : https://transiscope.org/.
Enfin, le Collectif Marche pour le Climat propose modestement son concours aux élus pour aider à planifier dès aujourd’hui la politique de demain dans un effort solidaire et conscient des enjeux environnementaux. Il peut ainsi participer et apporter son expertise pour mettre en place le changement.
Le Collectif Marche pour le Climat 87
mail : collectifclimat87@lilo.org