Bonjour à toutes et à tous,
Avant une pause estivale, dans la revue de presse climat de ces riches mois de juin et juillet, constat alarmant, annonces françaises et bras de fer international notamment, avec :
Canicule, fonte des glaces, variations imprévisibles – le constat de l’urgence climatique :
– Réchauffement climatique : il ne reste que 3 ans pour inverser la tendance – L’Obs – 28 juin ; où un groupe de scientifiques et dirigeants, emmenés par Christiana Figueres, affirment que nous n’avons plus que trois ans pour infléchir nos émissions de gaz à effet de serre et se maintenir sous les 2°C – et définissent 6 grands objectifs ambitieux pour y arriver car pour l’instant les engagements pris par les États ne permettent que de retarder de 2 ans (en 2036 et pas 2038) l’atteinte des +2°C…
Une urgence illustrée par de nombreux signaux récents :
– la fonte des pôles avec notamment le détachement en Antarctique d’un iceberg de plus de 5000 km²… et au Groenland, où les nuages plus rares accélèrent la fonte des glaces, qui elle-même accélère la montée des eaux.
– Des vagues de chaleur qui selon une étude récente menacent aujourd’hui la vie de près d’un individu sur trois dans le monde… et trois sur quatre à la fin du siècle si rien n’est fait. Des vagues qui vont en s’aggravant comme le détaille le RAC, tandis que de plus en plus d’études attestent du lien entre réchauffement climatique et canicules, qui risquent de frapper plus directement le sud de l’Europe (dont la France cette année dans des proportions record) que le reste du continent.
Une chaleur qui alarme également avec le chiffre de 135 millions de personnes dans le monde qui risquent d’être déplacées à cause de la désertification d’ici 2030, comme le montre le cas dramatique du Tchad.
– Des variations extrêmes du climat, car si le mois de juin a été le 2e plus chaud depuis 1900, la température peut jouer au yoyo et le dérèglement climatique provoquer de plus fréquentes et plus fortes précipitations voire des cyclones.
Une urgence que les scientifiques veulent mettre en lumière, avec désormais 99,9% du consensus scientifique mondial qui admet que le réchauffement est lié à l’activité humaine, avec la nasa et l‘agence spatiale française qui veulent continuer à y accorder des ressources, et le GIEC qui à l’approche de ses 30 ans veut élargir ses travaux à plus de sciences sociales, doit se positionner sur l’objectif de +1,5°C et trouver de nouveaux financements.
En France, une volonté de reprendre le leadership climat… à concrétiser :
– Une volonté qui a pris forme notamment via le plan climat porté par Nicolas Hulot, présenté le 6 juillet, décliné en six thématiques fortes et 23 axes qui balaient de nombreux sujets, de la fin de la vente des voitures essence et diesel à la neutralité carbone, de la finance verte à la fin des énergies fossiles, de l’économie circulaire au prix du carbone ou encore la déforestation . Si ce plan est globalement bien perçu dans ses objectifs et notamment à l’étranger, les ONG s’inquiètent toutefois de plusieurs oublis et surtout du flou autour de sa réalisation, et en analysent le contenu dans un site de décryptage : makefrancegreenagain.fr
– Parmi les mesures concrètes annoncées par le 1er Ministre, on peut toutefois noter l’alignement de la fiscalité du diesel avec l’essence, celle d‘état généraux de l’alimentation, la transformation du CESE en Chambre du futur pour l’Environnement ou encore un plan d’investissement de 50 milliards d’euros – même si les questions environnementales sont restées très mineures dans son discours de politique générale.
– Sur les transports spécifiquement, des assises de la mobilité vont être organisées suivies d’une loi des mobilités, tandis que la ministre des transports réfléchit à une nouvelle taxe poids lourds et souhaite reposer la question des infrastructures… alors que la société civile se mobilise contre le projet d’extension d’autoroute A45 et d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et que l’État vient d’être condamné pour non-respect des normes européennes de qualité de l’air.
– Gros point noir dans ces annonces, le volet financier, avec le recul du gouvernement sur la taxe sur les transactions financières européennes, une promesse déjà enterrée… mais a aussi remis en cause la taxation des transactions intrajournalières en France et coupé 140 millions d’euros de coupe au budget de l’aide publique au développement. Le tout en annonçant malgré tout que la France accueillera un sommet spécial le 12 décembre pour « prendre de nouvelles actions pour le climat, notamment sur le plan financier »…
A travers le monde, engagements variés des États et bras de fer au G20 sur le climat :
– Au G20, alors que les européens ont voulu défier Trump sur le climat, le texte final de compromis évite la rupture avec les États-Unis mais laisse ouverte la possibilité de promouvoir les énergies fossiles… Une fin quasi identique à celle du G7 début juin où les États Unis seuls se désolidarisaient déjà de la partie climat.
– Plus en détail aux États-Unis, où Trump est fier de sa décision, beaucoup s’interrogent sur les conséquences de leur sortie de l’accord de Paris, sur sa réelle gravité, sur les raisons historiques des atermoiements États-uniens sur le climat, ou encore alertent sur les impacts à prévoir du changement climatique aux USA.
L’occasion de rappeler que des villes et États continuent de défier Trump en prenant des mesures et coopérant directement à l’international, mais que lobbies et milieux économiques restent très divisés aux États-Unis – comme par exemple sur l’idée d’une taxe carbone – où nombre d’entre eux soutiennent la sortie de l’accord de Paris.
– D’autres pays sont loin d’être exemplaires non plus, de l’Australie qui a autorisé l’exploitation d’une immense mine de charbon à la production de pétrole qui continue d’augmenter au Canada, en passant par la Turquie qui remet en cause sa ratification de l’accord de Paris.
– En Afrique, le président du groupe des négociateurs africains, Seyni Naf revient dans une interview sur les enjeux actuels de l’initiative d’accès à l’énergie et du financement de l’adaptation notamment.
– En Europe, le Parlement Européen veut durcir le paquet énergie-climat 2030 et que l’étiquette énergie fasse peau neuve pour plus de simplicité. Et en même temps, le Brexit vient menacer les acquis des politiques environnementales européennes, la politique commerciale de l’UE est en contradiction avec ses objectifs climatiques notamment sur le transport, et la réforme du prix du carbone continue d’être repoussée par crainte de l’Allemagne de l’impact sur son industrie notamment.
– La Chine elle multiplie les projets monumentaux bas carbone, de l’entrée en service de la plus grande centrale solaire flottante au monde à la création de la première ville-forêt, de la construction de gigantesque barrages hydroélectriques (au détriment des populations) au test d’une province chinoise de se passer de charbon toute une semaine. Des projets qui cachent tout de même les financements massifs d’entreprises chinoises dans la construction de centaines de centrales à charbon dans le monde…
Et enfin, les avancées et insuffisances de la transition énergétique mondiale
– Du côté des fossiles, le pic d’émissions de CO2 liées à l’énergie devrait être atteint en 2026, tandis qu’en 2016 la production de charbon a historiquement chuté (même aux États-Unis où la guerre du charbon continue malgré les annonces de Trump) et que les investissements dans les fossiles sont de plus en plus risqués et critiqués comme tels. Autre bonne nouvelle, le retrait du fonds souverain suédois de 6 entreprises pour leurs actions climaticides. La bataille pour la sortie des fossiles n’est pour autant pas gagnée, alors que les subventions publiques aux énergies fossiles restent très importantes, que le pétrole de schiste redevient rentable, que le monde du pétrole veut convaincre de son utilité notamment dans les pays en développement, que les pétroliers canadiens réinvestissent le secteur ou que le Climate Action Tracker pointe les investissements qui s’orientent vers le gaz.
– Du côté des fossiles, le pic d’émissions de CO2 liées à l’énergie devrait être atteint en 2026, tandis qu’en 2016 la production de charbon a historiquement chuté (même aux États-Unis où la guerre du charbon continue malgré les annonces de Trump) et que les investissements dans les fossiles sont de plus en plus risqués et critiqués comme tels. Autre bonne nouvelle, le retrait du fonds souverain suédois de 6 entreprises pour leurs actions climaticides. La bataille pour la sortie des fossiles n’est pour autant pas gagnée, alors que les subventions publiques aux énergies fossiles restent très importantes, que le pétrole de schiste redevient rentable, que le monde du pétrole veut convaincre de son utilité notamment dans les pays en développement, que les pétroliers canadiens réinvestissent le secteur ou que le Climate Action Tracker pointe les investissements qui s’orientent vers le gaz.
L’on peut aussi noter que les financements des banques françaises aux énergies fossiles extrêmes diminuent, notamment dans le charbon… mais augmentent dans le gaz de schiste par exemple, et posent la question la question des financements indirects.
– Du côté des énergies renouvelables (ENR), leur développement progresse dans le monde avec plus de 2000 gigawatts désormais installés, ainsi qu’une adaptabilité au réseau et une compétitivité reconnues, les ENR devant devenir dans les pays du G20 les énergies les moins chères d’ici 2030 si ce n’est déjà le cas. Malgré tout, d’aucuns notent le poids des lobbies de l’électricité en Europe dans le frein à leur développement…
– En France, la Fabrique écologique a fait une analyse de la situation énergétique et note que le développement des ENR, qui se poursuit doucement, reste soumis à la sortie du nucléaire. Hulot a annoncé qu’il faudra fermer jusqu’à 17 réacteurs, ce que Négawatt a soutenu et défendu comme possible et souhaitable, même si de nombreuses questions se posent sur la révision par EDF en conséquence de son plan stratégique…
Plus spécifiquement, les projets d’énergie renouvelable citoyenne se développent encore trop lentement par rapport à l’Allemagne, et le collectif pour l’énergie citoyenne réclame des mesures pour les promouvoir, tandis que des projets à énergie positive pilote voient de plus en plus le jour.
Et en bonus :
– Sensibiliser sur le climat, un enjeu permanent comme l’a analysé l’enquête sur les visuels pour le climat, avec de nouveaux artistes qui veulent user d’images marquantes, qu’elles relèvent de la photo, du dessin, des documentaires ou encore de données sons sur le climat pour créer une symphonie climatique.
Plus directs, d’aucuns utilisent le volet apocalyptique en pointant 8 catastrophes climatiques à venir, des graphiques alarmants ou encore des produits de consommation dans un monde réchauffé…
– L’action des villes pour le climat, qui françaises comme mondiales ont voulu réaffirmer leur engagement et appeler les États à en faire de même avant le G20. L’occasion de revenir sur un panel d’actions exemplaires de villes en France, sur leurs façons de s’adapter à la hausse des températures grace à des idées inventives ou des technologies, sur le plan climat de Hulot qui oublie les collectivités, sur la disparité des performances énergétiques et climatiques des métropoles européennes ou encore sur le rôle méconnu des opérateurs territoriaux dans la transition énergétique.
– Bataille juridique pour urgence climatique, avec un nouveau cas d’une citoyenne qui attaque son pays devant les tribunaux, ici en Nouvelle-Zélande pour des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre insuffisants pour maintenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C. L’occasion de rappeler que les États-Unis par exemple pourraient être poursuivis au nom du droit international et qu’il manque simplement des outils contraignants pour ce faire.
– Des mobilisations qui se poursuivent, avec celles en France contre des projets comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou l’A45, une victoire juridique significative des Sioux du Dakota du Nord contre le Dakota Acces Pipeline, l’appel à rejoindre la mobilisation contre le charbon à Ende Gelande, ou encore des manifestations massives à Hambourg contre le G20 début juillet.
– Le rôle des acteurs privés sur le climat, alors qu’une enquête révèle que seules 20 % des entreprises françaises ont des objectifs compatibles avec ceux de l’Accord de Paris, et que le Carbon Disclosure Project montre que 71% des émissions globales de gaz à effet de serre depuis 1988 sont dues seulement à… 100 entreprises. Entreprises qui parfois veulent revenir sur les obligations de transparence pour ne s’en tenir qu’à de la communication comme le montre l’Observatoire des multinationales.
Pourtant, des initiatives privées positives montent, comme RE100 qui regroupe 100 multinationales désireuses de s’alimenter à 100 % en ENR, ou de nombreuses marques de mode qui ont annoncé des objectifs climatiques nouveaux après le retrait de Trump de l’accord de Paris, tandis que le président de la Banque mondiale incite à ce que 30 000 milliards de dollars qui dorment dans les banques soient investis pour le climat.
Le risque climatique pour l’économie est lui de plus en plus pris en compte, avec un rapport estimant que près de 2 300 milliards de dollars de valeurs boursières mondiales sont menacées et l’annonce de la banque d’Angleterre de vouloir les analyser pour les banques britanniques.
– Conflits et changement climatique, avec la FAO mais aussi Emmanuel Macron au G20 qui ont rappelé le rôle du dérèglement climatique comme amplificateur de menaces et de guerres ; des liens parfois moqués mais existants, quoiqu’il convienne de rappeler que le climat est un facteur parmi d’autres d’instabilité géopolitique.
– Le transport aérien et maritime, grands secteurs émetteurs de CO2 qui sont pourtant exonérés d’efforts voire même subventionnés, sont de plus en plus critiqués.
– Et le point WTF climatique, entre Trump qui veut “écologiser” son mur avec le Mexique en y installant des panneaux solaires… Brad Pitt qui anime un bulletin météo “no future”, une étude sur le réchauffement climatique annulée à cause du réchauffement climatique, et le Gorafi qui suit une famille en vacances pour “profiter du beau temps causé par la destruction de la planète”.
Bon été et bonne lecture !
Victor Vauquois
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